Tricherie

Victor Damien Allowel. Elève qui, pourtant, n’a jamais vraiment éprouvé de grandes difficultés se retrouvait aujourd’hui, en pleine épreuve, à essayer de tricher. Bon, le sujet ne l’aidait pas beaucoup ; « La psychologie permet-elle de comprendre les réaction humaines ? ». La réponse de ce devoir serait tout simplement oui. Mais de là à le développer… ! Eh puis, Victor était mal placé pour ce genre de situation, lui qui avait été poussé à faire des études en psychologie par ses parents, juste pour l’aider à se rappeler ses quatorze premières années.
Pourquoi, ô grand dieu pourquoi ne naissait-on pas à quatorze ans ?! Enfin bref. Dix minutes s’étaient déjà écoulées, et Victor regardait sa feuille désespérément blanche, tapotant son crayon dans sa main gauche, étant droitier. Sa muse l’avait laissé tomber au dernier moment, chose qui ne plaisait pas énormément à Vic.

*Inspiratioooon ! Par pitié ! Inspiration !! X_x *

Cette inspiration vint, mais différemment que chez ses autres camarades. Vic écrivit rapidement ‘Oui.’ Puis, il tourna brièvement les yeux vers la feuille de son voisin. Certes, ce n’était pas très honorable, mais là, Victor ne voyait aucune autre solution. Le jeune homme imprimait donc l’idée en tête, mais modifiait la phrase, et modifiait l’ordre. Il espérait que ça passe inaperçu, mais ses coups d’œil discrets pourraient bien se révéler… pas si discrets que ça à bon observateur. Mais Vic n’y faisait guère attention. Soit c’était ça, soit c’était rendre sa feuille avec… un simple… oui.
Et le jeune homme n’y tenait pas particulièrement. Même pas du tout.

Vic écrivait toujours, espérant sincèrement que son devoir passerait. Les minutes s’écoulaient, toutes plus lentes les unes que les autres. Vic ne voulait pas louper ce devoir, sa moyenne en baisserait sévèrement. Mais en même temps, si on le surprenait, ça risquait d’être tout aussi redoutable.
Victor griffonnait sans relâche. Seulement son voisin s’arrêta. Le jeune homme manqua de jurer, ce qu’il ne fit pas. Mais maintenant que devrait-il écrire ? Victor acheva la fin de la phrase et fit mine de réfléchir. Aïe, aïe, aïe, ça tournait à l’aigre tout ça ! Vic ne savait que faire. Il fallait qu’il trouve une idée, viiiiiiiiite !

*Gnaaaaaaaaan ! Muse ! Ma petite muse… Pitié X_x ! *

Songea Victor en s’agitant légèrement. Que pouvait-il faire à présent ? Aucun autre élève n’était assez proche et l’autre semblait avoir une panne !

([A vous, cher prof^^])

Victor ne sursauta même pas en entendant la voix grave de son professeur. Quelques regards se tournèrent brièvement vers la scène, mais étant en plein devoir, les autres ne s’y attardèrent pas. Vic prit tout son temps pour lâcher sa feuille des yeux et regarder Iron. Sans gêne, bien entendu, même avec pertinence. Conscient, pourtant, d’être mal barré, Victor ne broncha pas face au regard de son professeur.
Lentement, le jeune homme se leva, toujours sans afficher ne serait-ce qu’un soupçon de gêne. Bien entendu, n’importe qui d’autre aurait été un minimum mal à l’aise, mais pas Vic ; Il avait eut ses raisons, et avait préféré ça qu’un simple ‘oui’. N’avait-il pas été poussé dans ses études ?! Ce n’était pas un choix, et pour pouvoir apprendre à cerner les gens, encore faudrait-il que Victor connaisse une partie de son enfance. Oui, il y avait un net blocage à ce niveau là.

Lentement, très lentement, le jeune Victor déposa sa copie dans la main de son professeur. Le regard pourtant redoutable d’Iron n’avait fait que renfrogner un peu plus le jeune homme, et son regard était légèrement froid, dépourvu de toute culpabilité. Par chance, Vic put retenir un sourire en entendant son nouveau sujet. Très bien. Il allait se mordre les doigts pour CE devoir, mais celui qu’il devait faire hors-cours était absolument parfait.
En quoi l’étude de la psychologie était-elle utile ? Eh bien ! Il était bien placé pour y répondre, très bien placé même. Toujours sans un mot, Vic rassembla ses affaires, les fourra dans son sac, et regarda à nouveau le professeur. La fin de l’heure, hein ? Très bien, il n’avait plus énormément de temps, mais ça irait pour bien développer le sujet. Dissimulant sa rage et son amertume, Victor sortit.

Il ne s’éloigna pourtant pas, et lorsqu’il eut refermé la porte, il s’assit un peu plus loin. Oui, assit dans le couloir, le jeune Victor ! Ce serait parfait. Le jeune homme sortit rapidement une plume et une feuille lignée, où il nota tout d’abord son nom, puis le titre ; « En quoi l’étude de la psychologie est-elle utile ? ».
Ce serait un jeu d’enfant. Cette fois, le sujet ne poserait pas le moindre problème à Victor qui ne se gênerait pas pour le prouver. En effet, Vicky ne mit pas bien longtemps pour trouver ses mots, les aligner, et en faire une phrase bien construite.

*L’étude de la psy…cho…lo…gie sert avant…tout à se cerner sois…même. En second…plan, elle sert également… à découvrir… les autres, et les situer. Sur…un…point de vue… policier, la connaissance…en…matière de psycho…logie demeure très…utile. Souvent, on a de…mandé à certains spé…cia…listes d’étudier le profile d’un assassin. *

Et ainsi de suite. Les pensées de Vic, saccadées par le rythme de sa plume, se dessinaient doucement sur le papier blanc. Bien entendu, il n’aurait pas le temps de développer toutes ses idées, mais ce serait suffisant pour prouver à môssieur Squall que la flemme n’avait rien à voir dans tout ça.
Pourtant, Victor hésita à citer le cas qui le concernait le plus. Durant plusieurs secondes, il resta immobile, la plume levée, réfléchissant. Mais finalement, il citerait son propre problème. Autant le faire, ça ne ferait que meilleure impression… et il en aurait bien besoin !

*Dans… certains cas de… troubles de mé…moire, l’édute de…la…psychologie se ré…vèle très efficace pour aider…le…patient à se…remémorer… certains événements pa…ssés. *

Sur le sujet, Victor s’en tiendrait là. Inutile de se citer lui-même, môssieur Squall pourrait ne pas apprécier et mal interpréter le geste. De plus, ça ne le regardait absolument pas ! Presque inconsciemment, Vic posa sa main à l’endroit précis où sa cicatrise trônait, sous la chemise du jeune homme. Pourquoi, si dans la plupart des cas l’étude de la psychologie apportait une aide, pourquoi ne se passait-il rien chez lui ?! Aucune amélioration ! Mais ce n’était pas vraiment le moment d’y penser. Vicky griffonna encore plusieurs lignes, pour au final obtenir un devoir bien satisfaisant, voir même respectable. L’heure s’acheva alors, au grand mécontentement de Vic.

Il rassembla ses affaires, une fois encore, et attendit que la plus grande partie des élèves soient partis pour pénétrer dans la classe. Une fois de trop à son goût. Le jeune homme croisa quelques retardataires, derniers à quitter la salle. D’un pas lent, presque las, Victor s’approcha d’Iron Squall et lui tendit sa feuille.
Il ne parla même pas, et attendit que son professeur prenne sa feuille. Son regard était toujours aussi dénudé d’un quelconque sentiment de culpabilité. C’était bien normal puisque Victor ne se sentait absolument pas honteux. Il passerait plus de temps à travailler qu’à dormir cette nuit, voilà tout !
Car bien entendu, Vic ne s’attendais pas à un petit entretient de dix minutes. Ce serait, à son grand regret, beaucoup plus long. Une lueur s’alluma alors dans le regard du jeune homme ; de l’arrogance. Après tout il était là pour un moment non ?

([Inspiration Powaaaa])

Malgré ses grands airs, Victor n’était pas un inconscient finit. Il savait qu’il pourrait payer cher son attitude, mais après tout… ! C’est vrai quoi ! Il avait fait ces études dans le seul but d’augmenter ses chances de recouvrer un jour la mémoire. Bien entendu, aucun résultat et il était en dernière année !
A la suite de l’invitation silencieuse du professeur, Victor s’assit. Il n’avait pas encore daigné ouvrir la bouche, et attendrait certainement encore. Assit dans sa chaise, ou plutôt à moitié vautré, Vic ne lâchait pas Iron des yeux. Ce dernier lisait son second devoir, tout en prenant son temps. Ce n’est pas le jeune homme qui s’en plaindrait. Finalement, Vic observa le plafond, attendant calmement qu’Iron ait terminé. Juste avant que le professeur ne lève les yeux de sa copie, Victor baissa les yeux pour poser un regard rêveur sur le bureau de l’enseignant.

La voix de son interlocuteur eut vite fait de ramener Vic sur terre. Une voix bien agréable, malgré le fait que Vic aurait préféré ne pas l’entendre si tard. Mais à la question du professeur, l’arrogance disparut du regard du jeune homme. Ainsi il devrait s’expliquer ? C’était logique, mais encore faudrait-il trouver les mots.
Victor se redressa sur sa chaise, mais laissa reposer ses bras sur les accoudoirs. Pourquoi une telle attitude… ? Vicky esquissa un léger sourire, mais l’arrogance avait disparut de son regard, replacé par d’autres mœurs et m’autres songes. Bon eh bien il se citerait après tout… mais pas question de raconter sa vie à môssieur Squall !

"Peut-être, monsieur, que j’ai eu plus d’idées face à ce devoir parce que le sujet me concerne directement ? Quand à ma tricherie, Vic resta songeur quelques instants. Le sujet me concerne personnellement, également, mais à la différence que je suis incapable de cerner le psychique de quelqu’un. Le regard de Vic devint plus vague. Pas même de moi-même. Etant incapable d’utiliser la psychologie pour me redécouvrir, et découvrir les autres, une partie de la réponse me manque. Car monsieur, je suis tout à fait conscient que la réponse à développer est ‘oui’.
Quand à savoir ce que je risque, Vic sourit doucement et détourna le regard. J’en suis conscient également. Mais de toute façon, mon but en commençant ces études n’était pas de devenir expert en psychologie… et jusqu’ici, tous mes efforts on été vains. En dernière année je n’ai pas encore atteint mon but !"

Victor se tut alors. Il avait beaucoup parlé, pour quelqu’un qui était resté dans le silence depuis plus d’une heure. Le jeune homme avait tout laissé sortir. Les questions du professeur avaient été parfaites, et Vic était sincère. Le regard du jeune homme resta figé sur un point imaginaire quelques instants avant qu’il ne se repose dans celui vert foncé du professeur. Peut-être qu’Iron n’apprécierait pas, mais Vic avait été sincère et ne s’en mordait toujours pas les doigts !
Et pourtant, le jeune homme était plus affecté qu’il ne voulait bien le laisser paraître. S’il n’avait pas été face à face avec un enseignant, Vic n’aurait rien dit…Il n’aurait jamais répondu. Mais Iron Squall était bien professeur… bien mignon par ailleurs. Mais l’incapacité de Victor à ne pas pouvoir cerner son propre psychique occupait tous ses songes.
Car il faut dire que puisque Vicky n’en avait jamais parlé, il n’avait jamais osé s’avouer cette faiblesse. Ce problème. Le regard du jeune homme était plus rêveur que préoccupé. D’ailleurs, Vic ne tarda pas à relever les yeux sur Iron. Un regard qui se voulait à nouveau provocateur, sans succès.

"Mais je suppose qu’à ce stade, je ne vaut guère mieux qu’un imbécile prêt à tout gâcher simplement pour voir un ou deux débutants tourner autours de son nombril ! Monsieur, je n’ai pas triché pour obtenir un brin de respect de mes camarades, que je n’aurai certainement jamais, mais dans l’espoir d’obtenir enfin ce qui m’a poussé à entreprendre ces études… ce qui à pousser mes parents à m’y diriger. "

L’espoir, sentiment qui avait malheureusement poussé Victor à continuer ses études une fois majeur. Non, il ne manquait pas d’idées. Il avait l’intelligence pour terminer son année, mais dans ce sujet, comment y parvenir avec un blocage personnel ? Blocage que Vic avait espéré surmonter au fil des ans, mais ce privilège lui était apparemment retiré.

"Vous ne pouvez pas comprendre."

Ajouta enfin Victor en réalisant tout ce qu’il venait de déballer. Non, Iron ne pouvait pas comprendre s’il ignorait le problème principal de Vic ! Mais le jeune homme avait répondu à ses questions, c’était déjà ça !

Victor avait bien remarqué la question dans le regard de son professeur, mais il ne comptait pas y répondre ! C’est vrai quoi ! Vous le voyez lui dire : Tout va bien monsieur, je vous ai juste vu en train de me draguer. Non mais pas fou quand même ! Le jeune homme resta immobile quelques instants, songeant à son avenir dans un hôpital psychiatrique s’il en parlait. Mouais… il y serait pas mal, le Vicky… non ?
Hum, enfin bref. Le jeune homme reporta son attention sur l’enseignant lorsque celui-ci vint s’asseoir devant lui, plus près, sur le bureau. D’ailleurs, Iron croyait que Vic se sentait mal. En un sens oui, mais mal à l’aise. Dans les deux prochaines minutes son professeur allait le draguer… avouez qu’il y a de quoi se sentir troublé ! Et d’ailleurs, le temps passait. Victor ne tenait pas à se retrouver avec une nouvelle vision, franchement, ça ne le disait pas du tout !

Mais bon, il devait tout de même répondre quelque chose à son professeur. Car Iron avait tout de même demandé à Victor si ça allait, et surtout de ne pas lui faire de malaise. Bon c’est vrai que draguer quelqu’un d’évanouit serait bien moins marrant^^. Mais après tout, Victor trouvait son professeur plutôt attirant… RAH ! Non ! Il ne fallait pas que lui aussi se mette à penser ce genre de choses, ou ça tournerait trop étrangement.
Ca ne déplairait pas à Victor de flirter avec son enseignant, mais imaginez que le flirt tourne au drame à cause d’un collègue curieux ! Le jeune homme n’était que trop conscient des risques qu’ils prendraient, et franchement, ça ne le réjouissait pas. Et puis, imaginez quand même de quelle manière le sujet venait de changer !

"Non, non. Ca va."

Murmura Victor en répondant enfin à la question de monsieur Squall. Mais malgré lui, le jeune homme commençait à réaliser qu’Iron était plus que mignon, mais seulement il ne pouvait pas se permettre de se laisser errer dans ce genre de pensées. Donc, intérieurement, Victor en revint au sujet initial. Oui, donc il était injuste que son professeur… raaah ! Non ! Ce n’était pas le bon sujet ! Hum… euh…
Son passé ! Voilà… c’était bien son passé. Victor se souvenait très bien du moment où il s’était réveillé à l’hôpital. Il était conscient d’avoir déjà vécu et grandit, mais était incapable de s’en souvenir. D’ailleurs, Victor se souvenait s’être demandé son nom, ce qu’il faisait ici, et pourquoi ces drôles de personnes étaient si contentes de le voir.

Mais encore une fois, le sujet fut brusquement ramené sur Iron lorsque celui-ci prit la parole. D’abord, Victor planta son regard brun dans celui de son professeur. Que venait-il de dire ?? Un baiser ? Bing : Vic avait compris. C’était de sa faute. Iron le draguerait par sa seule et unique faute. Il aurait dû y penser… qu’est-ce qu’il pouvait être bête ! Mais avait-il mal compris ? Presque involontairement, Victor laissa échapper un…

"Hein ?"

Quelque peu surpris. En même temps, les deux yeux de Vic brillait d’une lueur qui était loin de ressembler à de la stupeur…non, elle ressemblait plutôt à du déjà vu. Oui, Victor avait l’impression de revivre une scène. Bien entendu, il tirait une tête étrange, partagée entre quelques émotions. Enfin… en bref, la situation était bien comique à voir ! Entre Victor qui ne savait comment réagir face à ce qu’il avait vu, Iron qui se mettait à draguer son élève, et le tout dans le cafouillis le plus total !
En temps normal, Victor aurait répondu à son professeur quelque chose dans le style… « Non, non, m’sieur. Je veux juste qu’on me tienne par la main^^. »
Mais les temps n’étaient pas normaux, et le d’ailleurs, ce même temps passait.

Victor Allowel était troublé, et c’est vrai que simplement en l’ayant vu une ou deux fois en classe, et en ayant vu son manque de réaction, Iron devait sérieusement croire que Vic perdait la boule… ou alors qu’il avait prit peur. Ce n’était pas très loin, car au final le jeune homme ne serait pas dérangé du tout, mais ça c’est une autre histoire.

([Ayayay, faut qu’on se reprenne ma grande XD])

Victor n’avait pas été conscient du regard de son professeur, pour la simple et bonne raison qu’il était dans ses pensées. Il ignorait également quel effort il avait fallut à Iron pour parcourir la distance de sa chaise à l’autre côté de son bureau. Par contre, s’il l’avait su, il aurait étrangement considéré son professeur. Enfin bref, là n’est pas la question. Le jeune homme regardait à présent Iron, qui venait de lui dire une phrase qui le mettait fortement mal à l’aise à cause de sa vision. Mais Vic fronça les sourcils en voyant son enseignant sursauter.
Bon d’accord, Vicky ne nierait pas que sur ce coup là il devait sérieusement faire peur ! Mais tout de même ! Pas à ce point. De toute façon, monsieur Squall se reprit bien rapidement et répéta sa phrase à l’élève… sans citer le baiser. Le jeune homme regardait à présent autre chose que les yeux de son professeur… ce qu’il ne fit pas longtemps surtout en réalisant ce qu’il faisait. Non non non ! Ca n’allait pas du tout ça !

Vic eut alors la surprise de voir Iron Squall lui… tomber dessus. Mais le professeur put se rétablir à temps et Victor le regarda aller se rasseoir d’un œil douteux. D’accord, alors maintenant il n’était plus le seul à avoir un comportement bizarre. Mais instantanément, face au malaise de son professeur, Victor était redevenu à peu près normal. Le jeune homme regarda longuement son professeur, silencieusement. D’ailleurs, leur deux regards se croisaient, mais Victor ne détourna pas le sien, couleur chocolat. D’accord, il allait s’en mordre les doigts, mais là tout de même il devait le demander. Demander ce qu’il se passait, comme l’avait fait Iron tout à l’heure, silencieusement.
Victor serait plus direct.

"Monsieur, sans vouloir vous vexer vous n’avez pas l’air bien non plus !"

Le professeur avait alors regardé Victor et l’avait… dévoré du regard. Le jeune homme ne s’en sentait que plus troublé. Ce n’était pas correcte ! Victor ne devrait pas ressentir de telles choses pour son enseignant ! Le jeune homme ne savait d’ailleurs comment définir ce qu’il ressentait. C’était un mélange de confusion et… non. Il ne devait pas y penser c’était hors de question ! Pourtant sans trop savoir pourquoi, Victor se leva à son tour et s’approcha d’Iron.
Vicky était conscient qu’il ne devrait pas, mais il s’était approché de son professeur tout de même. Maintenant, trop tard pour reculer. En plus, l’étudiant cherchait à croiser le regard d’Iron. Un comble !

"Monsieur ?"

Fit-il encore en essayant de se replonger dans le regard vert d’Iron. Oui, sur le moment, Victor éprouvait des choses déplacées. Il les maîtrisait, bien entendu, mais restait surpris par l’attitude de son enseignant, et aurait voulut en savoir plus. Vic avait reprit une attitude presque normale, même si de temps à autre il était tenté de ne pas regarder que le visage de son enseignant. Le jeune homme trouvait sérieusement que Iron était craquant, mais bien évidemment, il demeurait l’élève même si sa vision et l’attitude de monsieur Squall le troublaient. Bien entendu, sur le moment Victor pensait plus au malaise de son enseignant que sa vision, sinon, il se serait préoccupé de savoir ce qu’il se passerait. Mais là, non.
De temps à autre, le regard de Vicky déviait légèrement sur les lèvres d’Iron, mais aussitôt, il regardait le vert des yeux de son prof. Il ne devait pas se laisser aller.

Etrange situation… ils étaient tous deux dans le même cas d’hésitation. A la différence que Victor se contrôlait mieux qu’Iron ! Enfin bon, jusqu’à quel stade, Victor était incapable de le dire ! Le jeune homme attendait néanmoins une réponse de son professeur, et il espérait qu’elle puisse régler certaines choses sinon ça tournerait bien étrangement. Déjà que le sujet avait presque été totalement oublié !
Enfin, par Victor du moins !

*Pourquoi je le regarde comme ça ? Je ne devrais pas… et c’est pas logique ! … *

Oui, cela agaçait tout de même le jeune homme… ressentir brusquement cela pour son enseignant sans vraiment savoir pourquoi…. Il y a de quoi péter un boulon, non ?
Moi je crois que si^^

A nouveau, leur deux regards s’étaient croisés. Presque entremêlés. Et ce, dans le silence le plus complet. Dès que Vic avait croisé le regard bouteille de son professeur, il n’avait plus cherché à le dévier, surtout parce qu’il aurait voulut avoir des réponses à ses questions. Comme par exemple, ce qui rendait l’enseignant si mal. Jamais on n’éprouvait pareil malaise en flirtant ! Mais bien sûr, Victor ne tarda pas à trouver les réponses tout seul… comme un grand ! Déjà, le règlement interdisait le flirt entre enseignants et élèves… ensuite…
Ensuite ça aurait put avoir des conséquences assez brutales pour Iron… rien qu’en imaginant que le bruit se répande, il aurait perdu une bonne partie du respect de certains élèves. Eh puis peut-être pensait-il aussi que ça ruinerait les études de Vicky… Allons ! Il s’en moquait de ses études ! …Non. Pas vraiment. Mais d’Iron non plus. Ce fut au tour de l’élève d’être tenté de se frapper. S’il n’avait pas eu cette vision, Victor n’aurait certainement jamais considéré son professeur de la sorte, et pourtant, il éprouvait à ce moment même des émotions peu convenables… surtout envers un membre du personnel !

Victor ne savait plus que penser. Ils changeaient tous les deux d’extrémité bien rapidement. Trop même. Vic avait passé d’un état des plus troublé à celui de songeur, puis avait brusquement repris ses esprits… et Iron avait passé à un état bien partagé ! Entre la confusion, et quelques autres sentiments que Vicky ne trouvait pas. Le jeune homme resta longuement immobile et silencieux, son regard brun planté dans le vert bouteille de son interlocuteur.
L’étudiant ne savait plus ce qu’il ressentait, à l’heure actuelle. En tous cas, c’était loin d’être les sentiments qui l’avaient submergé au cours, ni en rentrant dans la salle vide. Le silence s’était installé. Lourd, mais plein de secrets. Vic ne le savait pas, mais il avait déjà un bon pied engagé dans la pente, où Iron ne tenait pas à l’y entraîner. Mais tout comme la réaction de Vicky avait provoqué la réalisation de sa vision, en voulant à tout prix écarter Vic de ce chemin, Iron Squall l’y entraînait.

Le professeur détourna alors le regard vers sa pile de copies… où celles de Victor se trouvaient, bien entendu. L’étudiant ne retint pas un froncement de sourcils. Qu’est-ce qu’il avait encore fait ? Rien. Justement. Vic ne lâcha pas son enseignant du regard, essayant de comprendre pourquoi il avait encore changé d’attitude.
C’était bien simple à résumer, mais Vicky ignorait pas mal de choses. Et actuellement, il était en plein dans son élément puisqu’il pataugeait dans l’inconnu… comme dans ses premiers mois après sa perte de mémoire. C’était presque pareil quand on y pense !

*C’est moi qui l’ai mit dans cet état ? *

Songea Victor. Visions ne lui apportaient pas compréhension ! Et c’était bien le problème ! La voix de son professeur s’éleva alors dans la salle, restée longuement silencieuse. Aux paroles d’Iron, Victor ne put pas retenir son expression de surprise. Il lui demandait d’aller manger ? Mais il avait triché ! Il était censé être puni ! Et sincèrement, là, sur le moment, Vicky ne croyait pas en l’indulgence de son enseignant. Il y avait autre chose. Mais quoi ?
Victor ne se permettait pas de se faire sa petite idée, mais en même temps il voulait savoir, avoir une base dans ses idées sombres. Oui, le jeune Allowel aurait bien besoin d’une lampe torche ! X_x’
Aller manger ! Non mais quand même ! C’était un peu trop gros pour que Vic ne l’avale. Mais en même temps, c’était son professeur et il devrait obéir. Pourtant, il ne le voulait pas et ne le ferait certainement pas.

"Ha ! Et le devoir sur la mousse au chocolat je vous le rends avant d’aller me coucher ??"

Lâcha cette fois involontairement Victor. Ce n’est qu’ensuite qu’il réalisa la pertinence de ses paroles. Aïe ! Aïe ! Aïe ! Ca partait mal, tout ça. En même temps, Vicky pourrait vérifier si Iron allait bien… ce qui n’était pas le cas. Le jeune homme le savait… en faite, depuis que le professeur avait commencé à se sentir mal à l’aise et à le montrer, Victor l’avait toujours su. Mais tout de même… cette réplique était assez arrogante pour ramener Iron sur terre s’il le prenait mal. C’est pourquoi Victor avait prit grand soin d’afficher une expression presque neutre sur son visage.
De cette manière, l’on pouvait vraiment croire que Vic avait fait exprès de sortir telle réplique pour arracher un sourire à l’enseignant. Et au fond de lui, Victor espérait que ce serait le cas.

Même lui n’essayait plus de comprendre pourquoi il avait une telle réaction. C’était venu, ça restait, et Vicky ne devait pas s’en plaindre ou s’en inquiéter. Il devait juste le vivre et le ressentir. Mais ressentir quoi au juste ? Victor ne savait pas exactement, mais ça lui donnait envie de sourire. Un sentiment qui naissait au fond de lui, mais qui en fin de compte avait tout de même besoin de mûrire et de grandir.
Comme toute chose de vivant, en faite. Le jeune homme n’avait donc pas bougé, et attendait une réaction de la part de son enseignant.

([ Gnalooooors? ])

Victor attendait une réaction de la part de son professeur. Serait-ce bon ? Serait-ce mauvais ? De toute façon, c’était surtout trop tard ! Le jeune homme comprit vite que ses soupçons étaient réels et que l’enseignant n’allait vraiment pas bien. En tout cas au point de ne pas sentir la pointe de provocation dans la voix de l’élève. Iron était… tellement… différent du professeur à qui Vic avait eut affaire en entrant dans la salle ! Différent. Oui, quelque chose avait changé… radicalement. En tous cas assez pour chambouler Iron.
Le jeune homme restait immobile. Devait-il partir ? Le silence de son enseignant ne l’aidait pas beaucoup. Ca voulait dire quoi ? Casse-toi ? Reste ? Victor ne savait plus très bien… alors il ne bougea pas d’un pouce. Mais devant le silence, ce silence pesant qui s’installait à nouveau… ! Ha ! Que faire ? L’inspiration avait à nouveau quitté Vic. Il n’était pas très habile dans ce genre de cas… ! Dommage. Tout aurait put être différent. Iron le savait, Vic en était conscient. Mais dans quel sens ? En fait, l’étudiant regrettait de ne jamais avoir vraiment put considérer Iron autrement que comme un autre prof. Non, même si le jeune homme ne voulait pas encore se l’avouer, il était beaucoup plus.

Victor ne connaissait rien des mœurs de son professeur. Il savait seulement ce qu’il faisait, et encore, et ce qu’il risquait de se passer s’il ne sortait pas ; soit il se faisait sortir de force, coup de pied au derrière, soit… et bien soit…
Enfin bref ! Victor resta longuement immobile, cherchant en même temps des réponses à ses questions, et attendant qu’Iron revienne parmi les humains, sur le plancher des vaches.
Mais lorsque leur regards se croisèrent pour la troisième fois, ce fut Victor qui fut brusquement ramené sur terre. Iron avait les larmes aux yeux, et par un simple regard, Vic sentit son cœur se déchirer. L’étudiant avait été secoué par la tristesse, la détresse de son professeur. Pourquoi ? Pourquoi semblait-il si désespéré ? Quelle était la raison de cette douleur ? Comment, d’ailleurs, était-il possible d’éprouver pareille souffrance ? Car le sentiment qui se lisait dans le regard du professeur n’était autre que douleur. Et Iron n’avait toujours pas prononcé un seul mot.

Victor regarda Iron se lever, à présent incapable de détacher son regard de celui du professeur. Son cœur battait plus fort, et ses pensées étaient confuses. Vic ne pensait même plus à l’éventualité de se faire expulser à coup de pied au derrière. L’étudiant n’avait pas bougé d’un centimètre, et en faite, il était perdu.
En un regard, l’attirance physique avait passé au coup de foudre. Il y a des choses qu’on ne s’explique pas, et Vicky doutait encore du sentiment si fort qui faisait battre ainsi son cœur. Et Iron qui s’approchait. Etant tout de même plus petit, Vic dû lever les yeux pour conserver son regard noué dans celui de son professeur. Ils étaient maintenant à quelques centimètres. Le cœur de Victor ne faisait que battre d’autant plus fort.
S’écarter ? Pourquoi faire ? Vicky était non seulement très bien là où il était, mais en plus vu le regard d’Iron il n’allait pas se faire expulser de la pièce tête la première.

Puis, Iron l’embrassa. Doucement. Victor qui avait déjà été chamboulé par le regard de son professeur se sentit fondre. Pourquoi ? Quelle importance ! Vicky se sentait bien, et même s’il ne s’y attendait presque plus, l’élève était loin d’être gêné. Les événements s’étaient succédés tellement vite, et les émotions de Victor avaient été tellement fortes… ! Mais le baiser ne dura pas assez longtemps au goût de l’étudiant.
Et d’un coup, toutes les émotions qui avaient submergé Vic pendant le baiser disparurent pour ne laisser que le sentiment principal, celui qui faisait battre le cœur de Victor, l’amour. Comment était-il possible de tomber amoureux ainsi ? Vic ne se l’expliquait pas. Son enseignant venait de se détourner, pour se planter devant une fenêtre. Vicky imaginait très bien le malaise que devait ressentir Iron, mais lui-même était tellement perdu.

Pourtant, encore une fois, et après plusieurs secondes, Victor s’approcha d’Iron. Son pas était mal assuré. Non, pas mal assuré, mais plutôt hésitant, comme si le jeune homme avait du mal à faire le tri. Ce qui était le cas.
Une fois près d’Iron, Vic réalisa qu’il ne savait que faire… que dire. C’était fâcheux. Mais il fallait qu’il trouve quelque chose. Le commerce régnant dans son cœur le déstabilisait, mais après tout…

"Je… et pour le devoir… ? Chocolat ou vanille ? *Nul, nul !! * Non écoutez je… ne vous sentez pas…"

Lamentable… Victor était lamentable. Mais si Iron l’avait regardé, rien qu’une fois encore, il aurait put voir que ce n’était pas par pitié que l’élève agissait, ni pour remonter aux yeux du professeur, mais bel et bien parce qu’il suivait son cœur. Mais que dire dans la situation présente ? Iron laissait ses larmes couler, Victor aurait eut besoin de faire le tri, malgré le fait qu’il soit assuré de ses sentiments, et puis…
Et puis il n’avait jamais été doué pour consoler. Jamais. Et ne le serait jamais.

Arrivés dans le couloir, Jan ralentit la cadence et lança discrètement un regard à Oliver qui voulait dire qu'à présent il fallait être discret. Lui-même marchait à pas feutré mais n'avait pas laché la main du jeune homme. Bien que seulement quelques secondes se soient écoulées depuis le reféctoire, il aimait sentir cette peau contre la sienne. C'est pouequoi il serra un peu plus son étreinte. Il tendit son autre main vers le fond du couloir et la porte s'ouvrit. Un sourir malicieux s'afficha alors sur son beau visage: la salle n'était pas fermée à clé ce qui l'aiderait.
Puis comme un félin il accélèra et accèda à la salle Il y entra comme si de rien n'était, la tête tournée en arrière vers son compagnon.
Le petit Oliver avait un frimousse craquante, et les garçons très androgyne avaient toujours fait craquer Jan. Sauf que dans le cas d'Iron ce n'était pas un androgyne... voilà peut-être la raison pour laquelle il se sentait bien ave son professeur. Son coeur battait vite, et une fois qu'Oliver fut dans la salle la porte claqua, ramenant tout ce petit monde à la réalité.

Il tourna la tête et montra alors son visage radieux à son professeur sans trop le vouloir. Et celui-ci devint morne et colérique. En quelques instants tout était clair. Les deux personnes fassent à lui était si proche qu'il ne savait que faire. Il lâcha alors la main d'Oliver avec violence, et comme si de rien était il demanda à Iron quelque chose d'étonnemment étrange pour ce qui se passait. Leur regard ne se lâchaient pas et la rage dans le sien culminait. Lui, jaloux? C'était possible.
La voix qui s'éleva de sa gorge était celle d'une personne entre la gêne, la colère et l'envie.

"Iron? J'ai du temps libre et j'aurai voulu donner un avant-goût de tes cours à ce petit qui ne sait pas encore quoi faire pour son futur. La psychologie est un domaine évidemment vaste et il lui en faudrait un petit aperçu avant qu'il la choisisse."

Il termina sa phrase avec dédain, mais jamais il n'avait sentit en lui une si forte colère. Pas besoin d'user de son pouvoir, les pensées venaient d'elles-même à lui. C'était trop tard il savait tout, mais il ne le sut qu'après cette fatidique phrase.

C'est là qu'il ouvrit de grands yeux et se tourna vers le jeune homme derrière lui pour l'embrasser et même laisser sa langue s'amuser. Mais tout en embrassant Oliver, la pile de feuille fut projettée plus loin et une chaise fut projetée dans les airs sans pour autant qu'elle retombe.

Malheureusement, Jan avait ommis un détail... réfléchir. En effet il comptait abuser du jeune homme et donc par cette acte tromper son amant de toujours, alors que son amant le trompait aussi. Comme quoi ils étaient quitte. Mais cette rage ne semblait pas vouloir quitter le corps de monsieur Myst.

Après cela, il lâcha une nouvelle le pauvre élève, désormais malmené par Jan, et s'approcha de Victor pour lui avouer d'un air doucereux dans l'oreille, tout en posant son bras sur son épaule:

"A la tienne!"

Et il l'embrassa aussi avant de quitter la salle comme un ouragan.
Encore un détail, que Jan n'avait sûrement pas ommis: la chaise qui planait. Lorsqu'il rouvrit la porte la chaisse tomba sur le pauvre Victor. La porte claqua une nouvelle fois et Jan s'assit violemment en face de celle-ci, et se mit à pleurer la tête dans les genous.